14 déc., 2025

La Bibliothèque Haïtienne des Spiritains (BHS): un déplacement forcé

La Bibliothèque Haïtienne des Spiritains (BHS): un déplacement forcé

Dans un contexte national marqué par une instabilité croissante, les institutions culturelles et éducatives d’Haïti se trouvent confrontées à des défis sans précédent. Parmi elles, la Bibliothèque Haïtienne des Spiritains, véritable pilier du patrimoine intellectuel du pays, n’échappe malheureusement pas aux réalités imposées par l’insécurité. Gardienne de savoirs précieux, elle a longtemps représenté un espace de recherche, de mémoire et de transmission. Cependant, les violences récurrentes et les menaces grandissantes ont fini par atteindre même ce lieu symbolique de connaissance. C’est dans ce climat tendu qu’un événement douloureux va marquer son histoire récente et illustrer, une fois de plus, la fragilité des espaces dédiés au savoir en Haïti. Depuis le 1er avril 2024, la Bibliothèque Haïtienne des Spiritains, institution culturelle et intellectuelle de grande valeur, a été contrainte de quitter son espace en raison de la montée de l’insécurité, des menaces récurrentes et d’un climat général de violence qui rendait toute activité impossible. Cette décision difficile représente un déplacement forcé, symbole angoissant de la fragilité des lieux de savoir en Haïti. La bibliothèque, connue pour son rôle dans la conservation du patrimoine documentaire spiritain, la mise à disposition d’ouvrages rares et l’accueil de chercheurs, étudiants et passionnés de lecture, fonctionnait depuis plusieurs d’année comme une oasis de connaissance au milieu d’un environnement souvent instable. Malgré les efforts constants des responsables pour préserver un cadre serein, les menaces constantes dans la zone ont finalement rendu impossible le maintien des services de la bibliothèque à son emplacement initial Ce départ abrupt n’est pas simplement un déménagement. Il s’agit d’un acte de survie, d’une mesure de protection pour les responsables ainsi que le personnel. Les Spiritains, en prenant cette décision, ont voulu éviter que le patrimoine documentaire, fruit de décennies de travail, ne soit détruit. Mais au-delà des livres et archives, il s’agissait aussi de protéger les vies humaines qui œuvrent quotidiennement au service du savoir. Le déplacement forcé de la BHS reflète une réalité plus large: la culture, l’éducation et la recherche deviennent de plus en plus vulnérables dans un pays où l’insécurité menace tout espace de développement. La fermeture de ce lieu, même temporaire, représente une perte pour les chercheurs, les universitaires, les étudiants, mais aussi pour toute la communauté qui voyait en cette bibliothèque un symbole d’accès à la connaissance et de stabilité. Malgré cette épreuve, les responsables de l’institution demeurent confiants et engagés. Ils travaillent déjà à trouver un nouvel espace capable d’accueillir les collections, de garantir la sécurité des usagers et de permettre la poursuite de leur mission éducative et culturelle. Leur objectif est clair : préserver la mémoire, protéger le savoir et continuer à servir la société haïtienne, malgré les obstacles. Ce déplacement forcé doit appeler à la réflexion : lorsqu’une bibliothèque, symbole universel de paix et de lumière intellectuelle, est obligée de fuir, c’est toute la société qui en ressent les conséquences. Il devient plus que jamais urgent de créer des conditions permettant aux institutions culturelles et éducatives de fonctionner sans peur, car un pays ne peut progresser lorsque ses espaces de savoir sont menacés. En somme, en attendant de retrouver un lieu stable, la Bibliothèque Haïtienne des Spiritains garde vivante sa mission et sa détermination. Ce moment difficile n’efface ni son histoire, ni son importance, ni son engagement profond envers la communauté haïtienne. Rachel LUBIN